Aidez-moi à sauver mon frère Marc Habib Eghbal

"Devenu le coupable idéal par certains journalistes, un père innocent est en prison "

     Je me souviens très bien d'un jeune garçon de 16 ans, qui m'attendait au bout d'une rue du centre de Téhéran. Téhéran où j'étais née, la ville que j'ai tant aimée. Je regardais autour de moi et je voyais les grands bouleversements de ma ville. J'étais de retour, après deux longues années, et je ne croyais pas ce que je voyais. Dans les yeux des gens, il n'y avait que de la peur et de la tristesse : nous étions en 1982 et mon pays était passé entre les mains de Khomeyni. La terreur, la mort et l'intégrisme avaient entouré l'ensemble de l'Iran ; toutes les femmes, tous les hommes qui se battaient pour la liberté étaient soit cachés, soit en prison, soit au cimetière. Ma belle ville avait changé complètement de visage. Tout était noir ; les femmes qui passaient revêtues d'un tchador noir, les petites filles qui devaient obligatoirement porter ce même tchador ; les hommes qui couraient pour maintenir leur vie de famille ; les gens qui se trouvaient dans une longue file d'attente pour recevoir un morceau de viande ou de pain . Tout cela avait défiguré le beau visage de mon pays. Ce pays où l'on faisait plein de rêve pour en faire l'un des plus beaux pays du monde. Mais…

     Je venais juste de sortir de la prison politique d'Evin, au nord de Téhéran. J'y ai passé deux ans de ma vie parce que je défendais la liberté d'expression . Ce jour là, je venais juste d'être libérée, mais je savais qu'on ne me libérait que pour tendre un piège à mes amis qui s'opposaient eux aussi à cette dictature fanatique. Deux jours auparavant, j'avais comparu à une audience de 3 minutes, sans avocat, les yeux bandés, et j'avais été condamnée à l'exécution……

     Oui, j'étais enfin libre, mais je savais que cela risquait de ne pas durer très longtemps car des dizaines de Pasdars ( les gardiens du régime de Téhéran ) me surveillaient. Je devais fuir. Je ne voulais plus jamais retourner en prison où j'avais perdu mon mari, celui que j'ai aimé plus que ma vie. Il a été torturé, emmené sur un brancard et exécuté sans pitié par ce régime intégriste. Je sortais juste de la prison où, enceinte de trois mois, j'avais perdu mon bébé sous la torture, mon petit amour qui grandissait chaque jour un peu plus en moi. Je ne voulais plus retourner dans cet enfer où j'avais perdu tous ceux qui m'étaient chers…

     Les membres de ma famille, quant à eux, vivaient cachés depuis des mois et des mois. Tous dormaient dans des voitures : leur maison était encerclée par les gardiens de Téhéran. Ils ont tout perdu parce qu'ils défendaient la liberté et combattaient l'intégrisme.

     Quand je me suis fait arrêter, j'étais une jeune fille, une jeune fille qui commençait tout juste sa carrière de journaliste. Je venais de créer mon journal ; il parlait du droit des pauvres… Mais très vite, tous les journaux libres ont été interdits, et moi, j'ai été mise en prison parce que mon journal dérangeait…

     Oui, je me souviens très bien, ce jour-là, je ne savais pas où aller. Mais quand j'ai vu ce jeune garçon, avec un regard gentil et doux, qui a mis sa vie en danger pour venir à mon secours, j'ai repris espoir. Ce garçon, c'était Marc Habib Eghbal. Quand je l'ai quitté pour aller en prison, il n'était qu'un petit garçon très attaché à son grand frère Aref, dans les bras duquel il avait grandi ; et ce jeune ingénieur venait de mourir, sommairement exécuté en pleine rue dans un pays qui tue ceux qui luttent pour la liberté et les droits de l'homme. Il ne restait pour Habib qu'une famille meurtrie et éclatée. Et il perdait sans cesse, chaque jour, tous ceux qu'il aimait, tous ses points d'attache…

     Oui, il m'a sauvée ce jour-là, il a roulé, roulé sans s'arrêter dans les rues de Téhéran. J'étais paniquée par la vue de deux voitures de pasdaran qui nous suivaient. Je l'ai supplié, je lui ai dit " laisse-moi descendre, tu es en danger. Sauve toi !". Mais il m'a répondu : " ma petite sœur, j'ai assez perdu de proches dans ma vie, je ne te laisserai pas partir encore une fois. Je vais te sauver ". Et il m'a sauvée. Je ne l'oublierai jamais.

     Nous avons quitté le pays les uns après les autres, en passant par les montagnes, dans la nuit, dans la peur, dans le froid et dans la neige, sans même savoir ce qui nous attendait au bout de ce voyage. Un avenir inconnu… Nous sommes arrivés en France, après des années de douleur, de larmes, de pertes humaines. Nous sommes venus ici l'un après l'autre, dans ce pays connu pour son sens de la démocratie et des droits de l'homme. Nous sommes venus pour commencer une nouvelle vie. Pour pouvoir, avec le temps, soigner toutes ces blessures, et avec des parents malades, brisés, et déchirés de douleur .

     Et mon petit frère Marc Habib est devenu un jeune homme très séduisant. Tous ceux qui l'approchaient l'adoraient. Un jeune homme qui jamais ne manquait d'aider les autres, ses amis, sa famille… Tous ceux qui le connaissaient pourraient en témoigner. Un jeune homme tendre, doux et gentil qui venait de se lancer dans l'informatique . Un homme intelligent et très doué qui commençait à se construire une carrière. Mais le destin avait préparé pour lui un autre chemin.

     Un jour de l'été 1989, Marc Habib rencontre une jeune femme nantaise ; et à partir de là, tout a basculé pour lui et sa famille… Cette femme, c'était Fabienne Brin, celle à qui Marc Habib doit tous ses malheurs. Cette femme calculatrice qui, dès le premier jour, nous avait promis d'emmener Marc Habib loin de nous et de nous empêcher de le voir. Elle a tenu sa promesse… Cette femme-là qui nous avait promis, bien avant le drame de leur rupture, de mettre Marc Habib derrière les barreaux ; et elle a encore tenu sa promesse ! La promesse de mettre un innocent en prison en bouleversant à tout jamais la vie d'une famille qui venait juste de se retrouver et d'apaiser sa douleur. Oui, et elle l'a fait parce qu'elle est française, comme elle l'a dit devant plusieurs personnes : "Je peux tout faire, je suis une française!"cf. http://eghbal.free.fr/Historique.htm

     Et c'est cet homme-là qui est en prison aujourd'hui. Oui, la justice nantaise l'a condamné à 3 ans de prison sans prendre en compte ses preuves, lesquelles ont démontré qu'il était victime d'un coup monté par son-ex compagne, coup prémédité pendant plus de quatre ans. Sans prendre en compte ces preuves qui démontrent comment Fabienne Brin avait tout organisé. Sans considérer qu'elle voulait se débarrasser de Marc Habib parce qu'elle avait trouvé quelqu'un d'autre. On s'interroge pourquoi la justice et les médias restent sourdes et muettes devant tant de preuves irréfutables… Tout cela ne serait-il pas du racisme ?…

     C'est cet homme-là que l'on a osé qualifier de terroriste, de fondamentaliste ! Cet homme-là contre lequel on a mené un lynchage médiatique, pour influencer la justice !

     Cet homme-là qui est devenu un coupable idéal, afin de satisfaire encore et toujours plus l'appétit des lecteurs et des téléspectateurs friands de ce genre d'histoire ! Coupable vraiment idéal que ce " grand méchant étranger " devant la " si fragile nantaise "… Finalement, dans cette histoire, j'ai vraiment ressenti le racisme ; j'ai senti que j'étais toujours une étrangère dans un pays que je commençais à considérer comme mon deuxième pays, dans un pays où je croyais que nous serions en sécurité et protégés par la justice !

     Oui, cet homme-là est mon frère. Il a même renoncé jusqu'à ce jour à faire appel… pour hurler à l'injustice et au racisme ! Mais moi, je vais aller jusqu'au bout pour le sauver, je vais aller jusqu'au bout pour qu'il obtienne le droit d'élever ses enfants. Je vais tout faire contre cette injustice et je vais tout faire contre ce lynchage médiatique et ce racisme…..

      Aujourd'hui, je vais crier son histoire sur tous les toits. Aujourd'hui, je vais crier " au secours ", pour sauver mon petit frère Marc Habib Eghbal, à qui je dois ma vie. Mais je le ferai aussi pour qu'on cesse de condamner des innocents sous l'influence des médias . Pour que plus jamais aucun journaliste n'ose salir le nom de " journaliste " en utilisant cette profession comme un mauvais fond de commerce.

     Aidez-moi à sauver mon frère au nom de la Justice, au nom de l'Humanité, au nom de l'Amour. Au nom de tout ce qui peut avoir une valeur dans la vie de chaque être humain. Aidez-moi pour défendre la Vérité et les Droits de l'Homme devant cette injustice . Parlez-en autour de vous, il faut que tout le monde soit au courant de cette histoire douloureuse . Nous avons besoin de toutes les informations pouvant éclaircir cette affaire . Nous avons besoin de l'aide d'avocats prenant à cœur cette affaire. Aidez-nous afin d'empêcher que l'histoire d'Omar Radad et Patrick Dills ne se répète . Nous avons besoin d'appui et de soutien. Aidez-moi pour qu'un père innocent retrouve sa liberté, sa dignité et surtout ses deux petites filles. Depuis leurs naissances, Marc Habib n'a vécu que pour elles, que pour reconstruire une chaleur familiale que le régime intégriste d'Iran avait détruit. Aidez-nous pour que la petite Sara et la Petite Eva retrouvent leur père.

     Montrez-moi qu'il reste toujours sur cette terre des gens honnêtes, des cœurs qui battent pour l'amour et qui cherchent la vérité ; dîtes-moi qu'on pourra encore sauver des gens innocents. Criez avec moi contre cette injustice et cette mascarade médiatique qui sacrifie un innocent, contre les journalistes qui ont jugé Marc Habib avant même que le procès ne commence…et c'est ainsi qu'ils ont pu faire pression sur la décision de la justice . C'est ainsi qu'un père est en prison aujourd'hui sans avoir commis aucun crime…

     Aujourd'hui, cette histoire a dépassé toutes les limites et ne concerne plus seulement Marc Habib EGHBAL et sa famille. Cette histoire concerne la France entière, et notamment les français qui défendent les droits de l'Homme et qui demandent que les médias diffusent enfin la vérité. Cette histoire concerne aussi tous les étrangers vivant en France qui seront peut-être demain victimes d'injustice de la part des médias.

     Aujourd'hui, chacun doit réagir face à un tel racisme. Aujourd'hui, chacun doit réagir face à un tel lynchage médiatique. Sinon demain ce sera trop tard …

Sans l'avoir mérité, et après avoir tout donné, Marc Habib Eghbal est en train de fondre comme une bougie sous les mensonges, il est en train de perdre, encore une fois, tout ce qu'il aime…

A. Eghbal - 28 mai 2002

@ comite_soutien_m_eghbal@hotmail.com
: BP 13-94431 Chennevieres cedex

*Cette lettre a également été envoyée au président de la république Monsieur Jacques CHIRAC, ainsi qu'à Amnesty internationale.